Passion, poésie et pédagogie : les secrets d’une prof de français captivante
Dans cette interview, découvrez ce qui motive Mme Terra-Jugnet à transmettre sa passion pour la littérature tout en restant connectée aux préoccupations des ados.
Qu'est-ce qui vous a motivée à devenir professeure de français ?
Au collège, j’hésitais entre le métier de journaliste et celui de professeure. J’aimais la lecture, l’écriture, l’échange, et je voulais un métier où l’on ne fait pas toujours la même chose d’un jour à l’autre. J’aimais aussi l’idée de transmettre. C’est lorsque j’ai pu participer à un cours de français au lycée que j’ai été convaincue. En terminale, mon professeur de philosophie m’a même dit que j’étais faite pour les lettres et qu'il fallait que j'aille au bout de mon idée.
Quel est votre auteur ou votre livre préféré, et pourquoi ?
Le recueil de poésies Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire est un livre qui m’a profondément touchée au lycée. J’ai adoré la poésie de cet auteur, sa manière de jouer avec les mots, et l’ambivalence entre le spleen et l’idéal. Ces dernières années, c’est l’autrice Tiffany McDowell qui m'inspire beaucoup. J’ai découvert son roman Betty en 2022, et cette lecture m’a bouleversée.
Quelle est, selon vous, la partie la plus délicate à enseigner en français aux élèves de collège ?
Le goût de la lecture est de plus en plus difficile à transmettre aujourd’hui, et c’est vraiment dommage. Beaucoup d’élèves sont souvent accaparés par les écrans et n’ont plus l’habitude de s'évader dans des lectures qui pourraient pourtant les transporter dans des univers différents et plus enrichissants que celui des réseaux sociaux.
Pensez-vous que la littérature classique reste importante pour les jeunes aujourd’hui ?
Je pense qu'il faut trouver un juste milieu entre la littérature classique et la littérature plus moderne. Il y a vraiment de belles pépites à découvrir dans la littérature classique, et il serait dommage de passer à côté juste par rejet de l’ancien. Il est aussi important de ne pas rejeter la littérature moderne simplement parce qu’elle ne fait pas partie du canon littéraire. D’autant plus que la littérature classique met peu en avant les autrices. C'est essentiel pour moi de faire découvrir des textes écrits par des femmes à mes élèves.
Comment faites-vous pour rendre vos cours intéressants et engageants pour les élèves ?
Je m'engage pleinement dans mes cours, c'est ce qui les rend intéressants et vivants. Je passe beaucoup de temps à préparer mes contenus, et je suis toujours disponible pour mes élèves. J’essaye d’aborder des thèmes qui me tiennent à cœur tout en les reliant au programme de français. Mes élèves ont accès à ma vraie personnalité, et j'aime que l’on échange. Un cours sans échange, où l’on entend les mouches voler, est une vision d’enfer pour moi !
Quels conseils donneriez-vous aux élèves qui ont du mal à s’exprimer à l’oral ou à l’écrit ?
Tout d’abord, je leur dirais que c’est normal, car ces exercices ne sont pas évidents. L’expression écrite ou orale implique de se dévoiler un peu, et ce n’est pas facile pour tout le monde. Je leur rappellerais aussi que chacun de nous a des ressources à partager, et qu'il ne faut pas se décourager. Enfin, je leur conseillerais de pratiquer au maximum, à la maison : lire et écrire tous les jours. En lisant, on retient des mots et des expressions qu’on peut réemployer, et en écrivant, par exemple dans un journal intime, l’écriture devient un réflexe. On se sent plus à l’aise au fur et à mesure qu’on s'empare de l’exercice.
Quels sont les aspects négatifs et positifs de votre métier ?
Ce que j’apprécie le plus dans mon métier, c’est l’échange avec les élèves, la transmission d’un savoir mais aussi de valeurs humaines. Ces échanges me motivent à poursuivre, même si parfois je me pose des questions sur l’avenir de ce métier. Les points négatifs, comme le "prof bashing" récurrent ou la prise en charge de problèmes pour lesquels nous ne sommes pas formés, peuvent être décourageants. Le plus grand défi reste l'impact sur la vie personnelle : on passe beaucoup de temps à travailler et à penser au travail en dehors des heures de cours.
Qu’amélioreriez-vous dans le collège Simone Veil ?
J’aimerais que nous ayons plus de possibilités pour créer des clubs et des activités hors-cours. Cependant, les emplois du temps sont déjà bien chargés, ce qui rend cela difficile à mettre en place.
Portrait chinois
Si vous étiez un continent, vous seriez : l’Europe.
Si vous étiez un pays, vous seriez : l’Angleterre.
Si vous étiez une ville, vous seriez : Paris.
Si vous étiez une couleur, vous seriez : le violet.
Si vous étiez un animal, vous seriez : mon chat.
Si vous étiez un objet, vous seriez : un livre.
Si vous étiez une plante, vous seriez : une marguerite.
Si vous étiez un plat, vous seriez : des lasagnes végétariennes.
Si vous étiez un vêtement, vous seriez : des chaussures, ça compte ?